Parce qu'elles sont femmes avant d'être sportives

Les études scientifiques sont essentiellement fondées sur la physiologie masculine : c'est un fait. 
Ce qui a pour effet de générer, à partir de ces résultats, des protocoles d'entraînements et programmes nutritionnels bien adaptés à la biologie ... masculine. 

Des recherches à l'INSEP sont actuellement en cours pour analyser les cycles menstruels des athlètes pour grimper dans le classement. 
Au fur et à mesure, des tendances communes se sont révélées. 

Mais alors quel est l'impact du cycle menstruel sur les performances sportives ?
Zoom sur le cycle menstruel, la contraception, les troubles du cycle, les sports à fortes contraintes périnéales.

Explications de Carole Maître, gynécologue et médecin à l'Insep auprès des sportives de haut niveau.

Qu'est ce que le cycle menstruel, ses différentes phases et le rôle des hormones sexuelles ?

Le cycle menstruel commence le 1er jour des règles avec une phase folliculaire précoce, en début de cycle.
Durant cette phase folliculaire qui précède l'ovulation, Carole maître souligne qu'il existe une "action positive des ostrogènes sur la disponibilité énergétique"
Pour les sports ultra endurants, les oestrogènes favoriseront le stockage du glycogène par les muscles ainsi que l'entrée du glucose dans les cellules musculaires. 
Ces derniers interviennent dans le métabolisme énergétique et favorisent les acides gras, essentiels à l'ovulation.
Elle rappelle que le cycle menstruel n'apparait pas préjudiciable à la performance chez la sportive de haut niveau et ne justifie aucunement une gestion des cycles au moment des compétitions.

Après l'ovulation, la progestérone prend le relais et devient dominante et favorisera la transformation de la muqueuse utérine et la nidation.
La chute du taux de progestérone et d'oestrogène qui a lieu lors de la phase lutéale des cycles menstruels entrainent chez la femme une myriade de symptômes gênants mais sans gravité, 10 jours avant les règles: c'est le syndrôme pré-menstruel (SPM). 70% à 90% des femmes sont touchées par le SPM, 20 à 40% sont déclarent une gène physique importante, 15% des SPM sont sévères, 2 à 3* sont sévères :

  • Problèmes de peau : acné, hirsutisme, herpès : Les androgènes provoquent l'hyper-sécréttion de sébum et la formation de comédon, la pilosité excessive. Il n'est pas rare de voir apparaitre de l'herpès après l'ovulation.
  • Hyper-sensibilité des seins : environ 60 à 80 %  des femmes. C'est la sécrétion d'ostrogènes qui provoquent le gonflement et la sensibilité accrue de la zone mammaire. On parle alors de mastodynie.
  • Rétention d'eau à la fin du cycle menstruel peut faire prendre 1 à 2kg est due à l'hyper-ostrogénie relative ( lorsque le taux d'oestrogènes est correct mais que le taux de progestérone est trop bas) de la fin du cycle menstruel.
  • Céphalées, douleurs ostéo-articulaires, nausées, constipation, diarrhée, troubles neuro-psychiques comme la fatigue, le manque de concentration, les insomnies (atteinte psychique qui est lié au sevrage hormonal imposé au cerveau en fin de cycle menstruel).
Avec la chute de la progestérone, les règles arrivent à nouveau.

Quels sont les mécanismes d’action ?

En cas d’absences de règles : l’axe hypotalamo hypophysaire qui permet la sécrétion ovarienne va se mettre au repos. En résulte un effondrement de la disponibilité énergétique et donc le ralentissement de la reproduction du cycle.

En dessous de 17% de la masse musculaire, les troubles du cycle apparaissent avec un SPM plus fort, et des douleurs plus fortes, et une densité osseuse moindre.

Quels sont les principaux déséquilibres hormonaux, troubles du cycle chez une sportive ?

Excès d’œstrogènes : on parle d’hyperoestrogénie relative lorsque le taux d’oestrogènes est correct mais que le taux de progestérone est trop bas. Il s’agit en fait d’une dominance en oestrogènes. On parle d’hyperoestrogénie absolue lorsque les oestrogènes sont trop élevés.

-> Signes : Rétention d’eau, bas ventre gonflé, syndrome prémenstruel, troubles circulatoires, fibromes, maux de tête avant les règles…

Manque d'œstrogènes : le déficit est fréquent chez les femmes avec peu de masse grasse, puisque les adipocytes produisent des oestrogènes. Il s’installe également à la ménopause et favorise le risque d’ostéoporose.

-> Signes : peau et muqueuses sèches, infections urinaires fréquentes, problèmes de mémoire, règles peu abondantes/courtes, seins qui s’affaissent, ridules et rides, bouffées de chaleur, sueurs nocturnes...

Excès de progestérone : bien plus rare que l’hyperoestrogénie, il peut se rencontrer en cas de corps jaune persistant, en cas de prise de médicaments inducteurs de l'ovulation, parfois en cas de tumeurs corticosurrénales.

-> Signes : déprime, seins sensibles, vertiges, constipation, troubles du sommeil, maux de tête...

Manque de progestérone : fréquent à la préménopause, mais aussi chez les personnes anxieuses et stressées (la progestérone et le cortisol sont fabriquées à partir de prégnénolone ; en cas de stress, le cortisol sera prioritaire).

-> Signes : fringales et irritabilité avant les règles, règles abondantes et douloureuses, difficultés à tomber enceinte, fausse couche au premier trimestre, spottings avant les règles, phase lutéale courte (< 11 jours)...

La pratique trop intensive d'une activité sportive comprises entre 1h et 4h par jour (et même de loisirs) peut engendrer un surentrainement ou une restriction alimentaire qui entrainera un déficit énergétique (ou baisse de la disponibilité énergétique), et qui pourra avoir un impact sur le cycle menstruel par carence en oestrogènes. Il peut entrainer ainsi une aménorrhée, 55% des femmes à l’insep et où cette pathologie est la plus fréquente (dans le cadre des sports avec contrôle de poids : judo, lutte, triathlon, marathon, gymnaste, patineuse, cyclsime, marathonienne). 
L’insuffisance lutéale et et l'anovulation sont les deux anomalies les plus fréquentes chez les sportives et présentent la particularité d'être asymptomatique.


Quelle est la durée du cycle menstruel ?
28 jours, c'est la durée moyenne d'un cycle menstruel. Cependant, il est tout à fait normal qu'un cycle soit plus long ou plus court et peut varier ainsi entre 25 et 33 jours. Des règles qui durent plus de 7 jours sont considérées comme pathologiques et peuvent avoir un impact sur la santé reproductive de la femme. Il est avéré que l'exercice intense a une influence sur le déroulement du cycle et la modification de la fonction ovarienne.


Quel type de traitement peut contre carrer cet effet ? 
Exemples d'utilisation pour Folliculinum en homéopathie.
Les basses dilutions (5 CH) pour les troubles dus à un taux bas d'estrogènes : troubles de l'ovulation, bouffées de chaleur : 5 granules matin et soir.
Les moyennes dilutions (9 CH) ont une action régulatrice et d'harmonisation : troubles du cycle de la jeune fille : 5 granules / jour et débuter 3 à 4 jours avant le début des symptômes, répéter sur plusieurs cycles.
Les hautes dilutions (15 à 30 CH) en cas d'excès d'estrogènes : douleurs mammaires prémenstruelles, 1 dose au 8ème et 20ème jour du cycle.

Contre-indications et précautions d'emploi
Antécédents de cancer du sein et de l'endomètre

Pour renforcer la progestérone et ne pas subir l’hyper-ostrogénie relative, il existe des progestatifs naturels. 
Lire l’article de natura force.


Quelle type de contraception pour les sportives de hauts niveaux ?

Carole Maitre rappelle que la contraception ne doit pas être prescrite pour les douleurs de règles ou régulariser les règles.

La contraception hormonale intra utérine par exemple a des effets bénéfiques sur la diminution des symptômes. Les ovaires étant mis au repos.

La contraception de longue durée comme le stérilet en cuivre peut augmenter la longueur et l’abondance des règles.

Le stérilet progestatif diminue l'abondance et la durée des règles ou l’absence de règles.

D’autres méthodes de contraception peuvent être proposées.

Quelles sont les phases du cycle plus problématique ?

La phase pré-ovulatoire avec son niveau d’oestrogènes élevé va augmenter la laxité, l’instabilité des ligaments en raison de la relaxine, provoquant un risque accrue de blessures

Pendant les menstruations, Carole Maitre recommande de travailler la technique, le renforcement musculaire, la proprioception


Quels sont les sports à fortes contraintes périnéales ?
| Sports à contrainte périnéale forte avec composante dynamique dominante : 
. Gymnastique- trampoline- aerobic – danse - Course à pied
. Saut dans les disciplines de l’athlétisme (saut de haies, saut en longueur, triple saut, perche) Saut dans les sports de glace
. Sports de balle: squash, tennis badminton, basketball, volley ball, handball  

I Sports à contrainte périnéale forte avec composante isométrique dominante :
Athlétisme et ses spécialités : lancer du javelot, lancer de marteau Judo, boxe, taekwando, lutte
Aviron
Escrime Haltérophilie
Equitation
Planche à voile
Snowboard - Ski alpin (slalom)  

| Les sports à faible risque comme les sports techniques : 
le tir à l’arc, le cyclisme, la natation, la marche

Les activités physiques pratiquées de façon modérée, intégrées dans l’activité quotidienne ne sont pas à risque de contrainte périnéale comme l’a montré Mouritsen. 

Mais en pratiquant le sport à déplacement très rapide comme la course à pieds, les pressions intra abdominales et la sur-sollicitation du périnée lui font perdre de sa fonction
avec l'apparition de fuite urinaire en fin de course.

Les fuites urinaires sont la conséquence d'un périnée qui n'assure plus son rôle de soutien, et qui perd de sa stabilité.
Après 90 min d'exercices avec une hyper pression intra abdominale, il a été démontré une perte de la fonction de 20% du périnée.
A l'heure où les crunchs et exercices hyper-pressifs sont dans 95% des cas encore utilisés, Carole Maître recommande de pratiquer un renforcement en hypo-pression (favoriser l'auto-grandissement, et le travail de l'effort sur l’expiration).

Sources :
L’incontinence urinaire de la sportive
Étude des leviers à la pratique d’une activité physique
durant la grossesse et en post-partum
par Carole Maître.

Passeport Santé et Presse Santé.
Physio Skills, gynécologie et sport
Le sport, quand les règles s'en mêlent, Pottier Robin Sage-Femme
Insep, Empow'her Sportive, Carole Maître.